Texte de Maurice Mattei, Historien local
Mairie de Barrettali

 

BARRETTALI, L'EGLISE DE SAINT PANTALEON DU XVI SIECLE
ET LA CONSTRUCTION DE SON CAMPANILE EN 1615

A CRONICA n° 14
janvier 1998

 

L'EGLISE DU XVIème siècle

Un acte notarié, concernant la commande de la construction du campanile de l'église paroissiale de Saint Pantaléon de Barrettali, retrouvé il y a peu de temps (1) nous révèle la date de son érection en 1615.

A la fin du XVIème siècle (dernier quart), peut-être vers 1580, la première église baroque de Saint Pantaléon avait été bâtie. C'est-à-dire peu de temps avant le clocher. Cette église de la fin du XVlème siècle a dû succéder à l'église Romane, toujours sous le vocable de Saint Pantaléon, mentionnée sur des actes de 1269 (2). Cette fin de XVIème siècle, début de l'art baroque en Corse, voit se construire un grand nombre d'églises dans l'esprit post-tridentin (3). Le premier presbytère de Saint Pantaléon, aujourd'hui maison d'habitation, doit dater de cette époque (4).

Cette église précédent l'édifice actuel était de dimensions plus modestes. On peut retrouver sa largeur, grâce à l'acte de commande du campanile qui nous apprend qu'il a été élevé, " contre " l'église de l'époque, à la hauteur de la tribune, côté Canari.

Or l'abside actuelle n'est plus adossée au clocher, mais a inclus son mur sud dans le mur nord du clocher en s'alignant donc sur ce dernier (5). La nouvelle abside gagnait ainsi une épaisseur de mur soit 0,50 m. Le mur nord de l'ancienne abside a été déplacé de la même distance vers le nord, pour conserver la symétrie de l'abside. Donc la largeur extérieure de l'ancienne abside, correspondait à la largeur intérieure de l'abside actuelle soit 5,50 m ou 22 " palmi ".

L'église actuelle présentant des fissures au sol, dans les murs latéraux et sur les voûtes, une première campagne d'investigations par des sondages en sous-sol a été entreprise pour en déterminer les causes. Au cours de ces ces recherches, deux arases de murs ont été mises à jour, ce sont des parties de murs latéraux de la nef du XVIème siècle, qui sont dans le prolongement de ceux de l'abside du XVI ème siècle, confirmant ce qui a été dit plus haut.

En ce qui concerne les dimensions longitudinales de l'église du XVIème siècle, c'est à dire la détermination des emplacements du fronton et de l'abside, il est plus difficile de les déterminer.

Un croquis levé en 1771 sur le terrain (6) par le dessinateur géomètre du Plan Terrier, à une échelle supérieure à celle de ce dernier, nous révèle un choeur paraissant être à chevet plat dont l'extrémité est dans le prolongement de la face est du campanile. La façade de cette église devait se situer à la hauteur de la chaire de l'église actuelle. Cela nous donnerait pour l'édifice du XVIème siècle une longueur totale extérieure d'au moins 11 mètres, soit 44 " palmi ", soit le double de sa largeur.

Il est également possible d'évaluer la hauteur, tout au moins de l'abside du XVIème siècle, grâce à l'observation de l'intérieur du clocher actuel. En effet on peut voir encore l'ancienne porte d'accès au clocher par l'abside. Elle a tété murée sur une partie de son épaisseur côté abside. Elle est située au-dessus de la porte actuelle dont le linteau est à 2,30 m du sol, hauteur de l'ancien seuil et de l'ancienne tribune par laquelle on devait accéder au campanile. Le linteau de l'ancienne porte est à 4 m du sol.

D'autre part, il y avait quatre baies, obturées aujourd'hui, à l'étage au-dessous de celui des cloches, dont la base se situe à 8 m du sol. Le plancher de cet étage était soutenu par une voûte aujourd'hui disparue, mais dont les traces subsistent avec à sa base, dans le coin intérieur sud-est, un masque en pierre sculptée. Il est probable que les baies de cet étage ont été fermées lorsque l'abside de l'église actuelle a été construite, " aveuglant " la baie côté abside.

Nous verrons par la suite qu'il n'y a pas eu un acte de commande mais deux, le second demandant que l'on surélève le campanile de 50 à 60 " palmi ".

On peut supposer que dans un premier temps, l'étage qui a été fermé par la suite, devait être celui des cloches. Cet étage devait donc dépasser en hauteur le toit de l'abside, sa partie inférieure devant être sur le plan du faîte de l'abside. La voûte soutenant cet étage se trouverait alors à la hauteur de la partie supérieure de la voûte de l'abside du XVIème. Ce qui est possible et mettrait le sommet de l'abside à une hauteur de huit mètres du sol.

Maurice Mattei

 

 

1 en 1994 grâce à Jean-Christophe Liccia que nous remercions ici

2 Cf: A CRONICA n° 3 p 20 et A.D.C.S. Série 4G 75

3 postérieure au Concile de Trente du milieu du XVIème.

4 L'acte notarié de la commande du campanile a été dressé : " nella casa del prete mannone ", c'est à dire au presbytère qui existait donc déjà.

5 L'église actuelle a été commencée en 1775 avec la construction de la nef par l'architecte " Giambata da Milano ", après démolition de la nef du XVIème trop petite et en conservant dans un premier temps l'ancienne abside. La date de 1811 gravée sur le crépi du mur de la nouvelle nef surplombant l'abside du XVIème, doit marquer la fin de la construction de la nef. L'abside élevée dans un second temps par le " capo maestro Luiggi Leoni ", fut terminée en 1822. Cette église ayant été construite en deux temps a été contrainte de garder son axe de symétrie, ce qui a limité l'élargissement du choeur de l'église actuelle à cause du clocher

6 A.D.C.S. côte IC 649.

 

 

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