Lieu-dit Petre Scritte (1)

Les gravures sont situées sur le chemin reliant Barrettali à Pino, sur le versant ouest d'une colline dominant le mont de Minerbio et la mer, à une altitude de 490 m (cf fig 1).

Fig 1 Gravures de Petre Scritte (Barrettali)

Le chemin s'engage dans un étroit couloir ne dépassant guère un mètre de large, formé par deux grands blocs rocheux en schiste. Les gravures se trouvent sur la paroi verticale de la roche faisant face au nord nord-ouest. Elles occupent une longueur de 2,50 m sur le rocher qui mesure plus de 5 m de long. L'ensemble est passablement dégradé par l'érosion et les gravures sont inégalement conservées. Cette différence de l'état de conservation pourrait résulter d'un phénomène d'ordre chronologique, certaines gravures étant plus récentes que d'autres ; à l'observation, les mieux conservées sont celles qui présentent une gravure plus profonde que les autres. Le motif est uniformément composé de croix, croix grecques à deux branches sensiblement égales et toutes disposées verticalement. Actuellement on en compte 13, mais certaines ont probablement disparu, ainsi entre les n°7 et n°13 on devine deux traits verticaux.

Les gravures sont disposées sur la partie de la roche présentant le clivage particulier au schiste. Ce clivage a été utilisé dans plusieurs cas pour obtenir la branche horizontale des croix.

La technique employée semble être le piquetage, ce qui donne une gravure en gouttière aux parois irrégulières, large de 15 à 20 mm et profonde de 10 à 50 mm. Deux ou trois croix sont surcreusées et lissées, action qui paraît plus récente (2)

Lieu dit Piano Santa Croce (3)

La roche gravée se trouve sur le rebord d'un abrupt rocheux haut de quelques mètres, terminant un petit plateau qui domine vers le nord-ouest le Monte Minerbio et vers le sud-ouest les ruines du hameau de Ficaghjola. L'altitude est de 400 m.

La roche précédente de Petre Scritte portant des croix gravées se trouve à 600 m vers le nord-est.

Côté ouest, la roche s'enfonce dans le sol, et vers l'est, elle est prise dans un amas de pierres, il n'est donc pas possible, sans pratiquer une fouille, de savoir s'il s'agit d'un affleurement rocheux ou d'une roche erratique. De même, sans fouille, on ne peut savoir si l'amoncellement de pierres, de forme subcirculaire et de 6 m de diamètre, qui la borde à l'est, est un simple tas de pierres provenant de l'épierrage du terrain environnant, autrefois mis en culture, ou bien correspond à un aménagement pré ou protohistorique, du type galgal.

Fig 2 Gravures de Piano Santa Croce (Barrettali)

La partie visible de la roche (cf. fig. 2) est de forme oblongue, elle mesure 1,60 sur 1,20 m. Sa surface est légèrement convexe. Les gravures se trouvent vers le sud. Elles sont disposées de part et d'autre d'une sorte de bassin creusé dans la roche. Ce bassin mesure 40 cm sur 17cm et présente une profondeur maximale de 4,3 cm ; une petite rigole profonde de 8 à 10 mm le relie au bord de la roche.

A gauche de ce bassin, cinq séries de gravures linéaires dessinent six signes cruciformes très nets, parfois recoupés par des lignes droites ou courbes d'une gravure moins prononcée.

A droite du bassin, une autre série de gravures linéaires dessine des traits qui se recoupent sans former de figure précise. En limite de cette série et tout à fait en bordure de la table rocheuse, une gravure moins nette et plus fine laisse deviner les lettres E et A séparées par deux petits traits verticaux. Toutes ces gravures, hormis le bassin, ont été obtenues par incision et présentant un profil en V.

Cette association, lignes incisées et bassin, est peu courante, ces deux formes de gravures ne sont peut-être pas contemporaines, quant au fines incisions dessinant des lettres, elles sont indubitablement plus récentes.

Deuxième roche gravée

A 400 mètres au nord-est de la précédente se trouve une deuxième roche portant des gravures. Rien ne la signale en particulier, elle n'occupe aucun point caractéristique du paysage (4). A 100 m au-dessus du ruisseau de Vallonga et 50 m au-dessus de l'ancien chemin de Pino, c'est un affleurement rocheux présentant une surface oblongue très érodée, mesurant 1,60 m sur 0,90 m.

Les gravures sont aussi usées par l'érosion, certaines à demi effacées sont à peine décelables . Ce sont des gravures linéaires au profil en V, dessinant de simples traits pour la plupart. On n'observe que trois figures cruciformes, la plus nette a un bras qui se termine par une petite cupule.

La carrière de Teghja Fosca

Toujours sur la commune de Barrettali, il est à signaler une quatrième roche gravée qui est sans rapport avec les précédentes, mais qui met bien en évidence le délicat problème de la datation de ces gravures.

Au-dessus du hameau de Petricaggio, dans une ancienne carrière de lauzes, un entablement rocheux présente une surface lisse en rebord de falaise, qui porte des gravures laissées par les carriers. Ces gravures représentent de simples traits, quelques rares initiales, quelquefois enserrées dans un cadre et au moins treize croix, dont les bras se terminent parfois par des triangles. Ces gravures d'époque récente (la carrière était encore exploitée il y a peu), procède de technique d'incision, mais pratiquée avec un outillage différent nettement plus performant donnant toujours un trait au profil en V mai bien plus fin et nettement plus régulier.

(1) Nous remercions chaleureusement M. A. Monti de Luri, qui nous y a conduit ainsi que sur bien d'autres sites et qui nous a si souvent secondé dans nos divers travaux.

(2) Ici comme à Pino, une légende raconte que ces croix représentent le nombre de morts résultant d'un combat ayant eu lieu en cet endroit et opposant des gens de La Barbalinca avec ceux de Ficaghjola situé au-dessus de Minerbio.

(3) Nous remercions vivement Monsieur M. Mattei de nous avoir signalé cette roche, découverte alors qu'il recherchait les ruines d'une chapelle et d'avoir bien voulu nous y conduire pour nous permettre d'en faire le relevé.

(4) Cette roche avait été signalée à M. Mattei par une personne de Barrettali, sans grandes précisions. Nous avons dû chercher assez longtemps avant de la découvrir.

Bibliographie

L.Aquaviva Conclusions sur l'étude du matériel osseux de la sépulture de l'âge du Fer de Roja (carte), Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse, n° 652, 1978.

R. Grosjean - La Petra Frisgiata, Etudes Corses, no 6, 2ème trim. 1955.

Ghj. Leoni: L'incrucichjata, ADECEC, Cervione,1979.

J. Magdeleine, R.Galup : Bassin, cupules, gravures et polissoirs à Montepianu, Zuani, Cahier Corsica N° 42-43, 1974.

M.C. Weiss : Les gravures rupestres de Corse. Corse historique n° 15, 1954

M.C. Weiss : Préhistoire de la Balagne déserte, Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse n° 581,1966

M.C. Weiss : Les gravures rupestres de la forêt de Tartagine, Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse n° 602, 1977

M.C. Weiss : Les gravures rupestres de Chiumi, Cahiers Corsica n° 42-43, 1974.